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Laura Vergne : une âme qui résonne sur le circuit Figaro Beneteau

Vendredi 22 mars 2024

 

Figure emblématique de la Classe Figaro Beneteau, Laura Vergne avait « une main de fer dans un gant de velours ». Directrice Plaisance des assurances La Concorde, devenues Générali, elle avait un dynamisme et une passion pour les marins qui l’ont aidé à initier les plus grands noms de la course au large. D’amateur à professionnel, dans les années 1980, le circuit lui doit son tremplin et l’essor du sponsoring dans la voile. Présidente de la Classe Figaro Beneteau entre 1994 et 2000, Laura Vergne restera, sans conteste, une icône des pontons et son souvenir gravé dans les mémoires de tous ceux qui ont eu la chance de la côtoyer.

C’est pour lui rendre hommage, après sa disparition en 2022, que la Classe Figaro Beneteau a choisi de nommer la première course de l’Académie Figaro Beneteau « Trophée Laura Vergne ». Cette année, pour la deuxième édition, 70 marins seront sur le plan d’eau, à La-Trinité-sur-Mer, pour faire briller son nom et son œuvre.

 

Laura Vergne 2015

 

D’un circuit amateur à professionnel

 

L'histoire débute en 1974, lorsque la Course de l’Aurore – devenue La Solitaire du Figaro – souhaite voir un coureur ayant déjà fait une des précédentes éditions sur la ligne de départ cette année-là. Contactée, Laura Vergne, alors Directrice Plaisance chez les assureurs La Concorde, accepte de louer un bateau pour l’édition 75. « En 1975, La Concorde signe avec Bruno Lunven, son premier engagement en tant que sponsor d’un skipper. C’était le début d’une grande histoire avec la Course de l’Aurore », raconte Marie Christine Lanne, Directrice Communication chez Générali, successeur de Laura Vergne.

 

Deuxième de l’édition précédente, c’est en effet Bruno Lunven qui se voit proposer d’être le skipper du premier bateau qui se nommera La Concorde.  « Je rentrais de la première course autour du monde, la Whitbread, et je faisais mon service militaire. L’Aurore voulait absolument qu’il y ait un concurrent qui fasse une deuxième édition, ils m’ont proposé d’être le skipper de La Concorde et j’ai accepté. J’ai rencontré Laura la veille du départ, c’était très bref, je devais me concentrer sur ce bateau qu’on me prêtait et que je ne connaissais pas. Je termine alors 3e de l’épreuve. »

 

Jusqu’à 1980, trop peu de marins pouvaient vivre de leur passion. Presque tous amateurs sur La Solitaire du Figaro, les coureurs participaient aux événements souvent à perte, avant de retourner à leur gagne-pain. « On ne touchait pas d’argent, il n’y avait pas de retour financier à cette époque. Certains chantiers ou entreprises louaient des bateaux et les coureurs en profitaient pour participer aux courses, tandis que d’autres finançaient tout eux-mêmes. Le vrai sponsoring avec les marquages sur les coques et voiles a commencé dans les années 80, et a connu son essor pendant le premier Vendée Globe. Laura y était avec Alain Gautier, sur Générali – Concorde », se souvient Bruno Lunven. Avant cette opportunité, Alain Gautier courait lui aussi en tant qu’amateur. L’histoire de sa rencontre avec Laura Vergne est survenue à une période charnière de sa carrière. « En 1986, au détour d’une conversation sur ses projets à venir, alors que je me trouvais dans une phase où j’hésitais entre continuer la voile et reprendre mon travail, Laura a proposé de m’accompagner. À l’époque, nous n’étions pas professionnels, on faisait La Solitaire pendant nos vacances. Mes six premières années sur le circuit m’ont coûté beaucoup d’argent. »

 

Si, aujourd’hui, les amateurs qui courent sur le circuit Figaro Beneteau sont plus rares, en 1970, la stratégie marketing des entreprises n’était pas de mettre leurs noms sur des voiles. Démocratisant le sponsoring dans la course au large, Laura a initié la possibilité pour les marins d’être professionnels. Pour Nicolas Lunven et tant d’autres, elle aura montré l’exemple et motivé les partenaires à suivre des projets. Une visionnaire pour tous ceux qui l’ont connu, beaucoup lui doivent aujourd’hui leur carrière. « Laura m’a tout apporté, l’essentiel du moins. Avant qu’elle me demande d’être skipper pour La Concorde, je venais de louer un bateau et pensais participer à l’Aurore comme bizuth, je n’étais pas prêt d’en faire mon métier. Aujourd’hui, j’y suis encore et c’est grâce à elle », confie Pascal Bidegorry.

 

L’icône des pontons, « Maman » des coureurs

 

Une grande femme blonde, charismatique avec un franc parler à toute épreuve, telle est la description faite par tous ceux qui l’ont connu. Les coureurs qui ont eu la chance de la côtoyer admirent toujours son flegme à toute épreuve dans un milieu majoritairement masculin et exigeant. « Elle dénotait par son assurance et ses cheveux courts, qui font encore polémique à l'heure actuelle », souligne Yann Elies. « Laura avait une vision très générale, enthousiaste, une dynamique incroyable. C’était quelqu’un d’inarrêtable, elle déplaçait des montagnes avec un franc parler propre à elle », ajoute Alain Gautier.

 

Plus qu’un sponsor, elle était d’un soutien moral et humain pour les skippers qu’elle « aimait et défendait ». Pascal Bidegorry, qui se souvient d’une femme avec une approche « simple, saine et franche », souligne tout le respect que les coureurs avaient pour elle, qui « connaissait la rigueur de ce milieu et la gestion de la petite entreprise autour de ça ». « C’est une figure notable de la voile française, elle était capable d’appeler la Présidente du Groupe Beneteau, le Président de la Fédération Française de Voile ou le Figaro sans vergogne », ajoute Yann Elies.

 

Cette connaissance et cette expertise, mêlées à son empathie et son humilité, auront même donné à Laura Vergne le surnom de « maman » des marins. Les considérant tous comme « ses enfants » d’après Didier Ravon, journaliste chez Voiles et Voiliers et ami, elle aura légitimé, sa place et son rôle en prenant, de 1994 à 2000, la Présidence de la Classe Figaro Beneteau.

 

« Au-delà du travail, elle est devenue la maman des marins. Nous avons accompagné 25 skippers dans leur carrière de coureurs au large, de Bruno Lunven à Nicolas Lunven, son fils, en passant par Yann Elies, Isabelle Joschke ou encore Alain Gautier », souligne Marie Christine Lanne. « C’était une petite maman par moment, elle a su me faire grandir dans ce milieu de voileux, elle m’a tout inculqué pour arriver là où j’en suis. Elle respectait nos erreurs, elle savait comprendre les gens qui l’entouraient », complète Pascal Bidegorry.

 

« Un flair extraordinaire »

 

« Laura n’était pas navigatrice mais avait un flair extraordinaire pour repérer les meilleurs. C’était quelqu’un de très discret, loyal et franc avec une forte tête. Elle fera toujours partie de la grande famille de la course au large. »

Didier Ravon, Journaliste Voiles et Voiliers et ami de Laura Vergne

 

Pas moins de 25 marins de talents ont fait partie de la saga Générali entre 1975 et 2017. Laura Vergne aura su, jusqu’à sa retraite en 2008, flairer les meilleurs dès leurs premiers pas sur le circuit. En 1988, Laura décide de faire confiance à Alain Gautier, qui bataillait sur La Solitaire du Figaro depuis 1980, pour deux années. Il remportera, en 1988, 3 étapes de l’épreuve et la victoire au général en 1989. Après une première année sur le circuit en tant qu’Espoir Crédit Agricole en 1997, Laura accompagnera Yann Elies, en souvenir de ce que son père avait fait pour le Groupe quand il courrait lui-même sous ses couleurs. Il sera triple vainqueur de La Solitaire du Figaro dans sa carrière. L’année suivante, c’est au tour de Pascal Bidegorry de porter les couleurs du Groupe pour un an. Il sera vainqueur, en 2000, de la Course des Légendes.

 

Parce qu’il est important que les nouveaux talents du circuit connaissent son œuvre, la Classe Figaro Beneteau choisit, en 2023, quelques mois après sa disparition, de donner son nom à la première course de l’Académie Figaro Beneteau qui se court à La Trinité-sur-Mer, ville qu’elle aimait tant. « L’hommage rendu à Laura Vergne sur ce Trophée de l’Académie Figaro Beneteau est un très beau trait d’union entre les différentes générations. C’est bien que les jeunes s’intéressent à cette femme, qu’ils sachent tout ce qu’on lui doit : un circuit qui est passé, de 1980 à 2000, d’amateur à professionnel. Elle s’est battue pour que les skippers puissent être salariés et pour que les sponrors y croient », conclut Yann Elies.

 

Rendez-vous dès dimanche 24 mars à 10h10 à La-Trinité-sur-Mer pour le départ de la grande course. Qui succédera à Guillaume Pirouelle et Sophie Faguet, vainqueurs en double de l’édition 2023, et gagnera le Trophée Laura Vergne ? Réponse mercredi 27 mars !

 

Bateaux inscrits en double (Trophée en jeu) :

-       OC 15 // Thomas Dupont de Dinechin ; Thomas André

-       Faun // Adrien Simon ; Ulysse David

-       Skipper Macif // Charlotte Yven ; Loïs Berrehar

-       Région Bretagne – CMB Espoir // Victor Le Pape ; Yann Elies

-       Région Bretagne – CMB Océane // Louise acker ; Gaston Morvan

-       Dunkerque Voile // Arthur Meurisse ; Basile Gautier

-       CEV – Secours Populaire // Léo Bothorel ; Federico Norman

-       Queguiner – La Vie en Rose // Elodie Bonafous ; Corentin Horeau

-       Bled Runner // Thomas Bled ; Pierre Guyader

-       Selencia – Cerfrance // Maël Garnier ; Ronan Treussart

-       Région Normandie // Jules Ducelier ; Christian Ponthieu

-       Nemo // Anaëlle Pattusch ; Hugo Cardon

-       Smurfit Kappa – Kingspan // Tom Dolan ; Paul Morvan

-       ALOFI Sailing // Thierry Levayer ; Pierre Grenié

-       Navaleo // Tom Goron ; Yvon Larnicol

-       Actual // Jacques Delcroix ; Julie Simon

-       Espoir Mer Entreprendre // Colombre Julia ; Nicolas Ferellec

-       Décrochons La Lune // Romain Bouillard ; Vincent Domand

-       DEAN RACING TEAM// Pier Paolo Dean ; Malo Wessely

 

Bateaux inscrits en équipage :

-       CER 1 // Valentin Gauthier

-       CER OFFSHORE 2 // Guillaume Rol

-       ORCOM La Réunion // Aurélien Barthélémy ; Jules Delpech

-       ORLABAY //Pep Costa ; Estelle Greck ; Basile Bourgnon ; Alix Schouller

-       MARS’ELLES (vainqueur en titre) // Albane Dubois 

-       CAP HORN // Sophie Faguet ; Nine Rault

-       RAW // Marcus Hutchinson

 

Toutes les informations sur le site internet de la course.